• Un élève "dys" dans la classe.

     Je remonte cet article à l'occasion du rallye-lien de "Dys é moi zazou"

    Article rallye

    Il n’y a pas de réponse commune à tous, chaque enfant (et chaque enseignant) est unique, je ne peux donc parler ici que de ma propre expérience et des petits moyens que j'ai trouvés, des idées glanées ici et là pour améliorer la vie en classe de mes élèves...et la mienne. 

    Les difficultés sont parfois nombreuse car, il faut bien le reconnaître, nous ne sommes pas formé(e)s pour accueillir dans nos classe les enfants différents. 

    La scolarisation d’un élève dyslexique dans sa classe ne signifie pas qu’il faille changer complètement sa façon d’enseigner. Cependant, cela implique des aménagements.

     Tout d'abord, il faut avoir à l'esprit constamment que votre élève ne fait pas exprès ( de mal lire, de poser des questions qui vous paraissent étranges...) Cela fait partie de son trouble.

    Son rapport à l'école est souvent difficile et votre élève traine avec lui une "réputation" qui entache fortement son estime de lui même. Pourtant,  si vous lui montrez que vous le considérez pleinement et que vous essayez de prendre en compte ses spécificités, vous constaterez des progrès formidables et un comportement qui évolue très favorablement. 

    Vous l'avez compris, avant même les aménagement pratiques, c'est l'attitude de l'enseignant(e) qui compte : humour et bienveillance sont pour moi les deux attitudes qui sauvent !

    L'humour parce qu'il permet de prendre de la distance et de dédramatiser les problèmes. C'est tellement mieux avec le sourire!

    La bienveillance, comme pour les autres élèves, permet à tout le monde de se dépasser. Si un élève ne se sent pas jugé pour ce qu'il est, tout va bien mieux.

     Une trouvaille qui vous changera la vie :

    le logiciel dys-vocal  (ici) qui prend en charge la saisie des textes en les adaptant selon les besoins : syllabes de couleurs ou en nuances de gris, mise en évidence des sons complexes et plus encore. Il y a même la possibilité d'installer une voix de synthèse qui lit les textes (je ne l'ai pas testée). 

    Pour voir ce que ça donne version nuances de gris :

    Texte grammaire Picot "dys".

    Ce logiciel est gratuit pour une période d'essai puis il coute moins de 20 €. Il y a la possibilité que la MDPH prenne en charge l'installation du logiciel sur les ordinateurs d'une école (80€ pour 1 école), il faut le demander lors des réunions de synthèse.. 

    La police d'écriture gratuite "open dyslexique"  (ici)  conçue spécialement pour les dyslexiques : caractères espacés, base des lettres plus chargée.

    Mes élèves ont préféré la police "Comic" en 14, à vous de voir avec vos élèves.

    Et les classeurs?

    On me l'avait dit mais j'ai voulu tester quand même (mon côté têtue certainement) et bien voilà, c'est impossible. Impossible de ne pas perdre de feuilles, impossible d'ouvrir le classeur dans le bon sens à chaque fois, impossible de se repérer, même avec des intercalaires de couleurs, impossible de repérer quels trous de la feuille il faut utiliser pour la ranger. Donc pour les classeurs, une seule direction possible : la poubelle !

    Et les cahiers?

    Un cahier par discipline, c'est mieux ! Pas de cahier "histoire/géographie" par exemple. Votre petit "Jean-Pierre" ne saura jamais quel côté utiliser !

    Une couleur de couverture par matière, c'est mieux. Encore mieux si vos affichages ont un code couleur identique. Cela est également vrai pour les autres élèves, les étourdis,  les distraits qui se trompent régulièrement de cahier !

    Les cahiers italiens : Si vous en trouvez, c'est magique ! les réglures seyes sont en effet bien floues pour "Jean-Pierre" tandis que les réglures italiennes sont semblables à celles des cahiers parfois utilisés chez nous en maternelle, sans carreaux, juste la double ligne. Jean-Pierre peut enfin écrire presque droit ! En Italie, il y a le choix de la taille de l'interligne et du format du cahier, c'est le top pour les "dys" !

    L'ordinateur?

    C'est un bel outil mais cela demande un apprentissage que vous ne pourrez (et ne saurez) pas faire en classe. Les élèves commencent souvent cet apprentissage avec leur ergothérapeute ou l'orthophoniste et, en CM2, l'écriture ainsi que le repérage dans la fenêtre sont encore laborieux. Malgré tout, patience, il faut se dire que votre élève s'entraîne pour la sixième...

    Pour profiter au mieux de l'ordinateur, il serait bon de préparer pour votre élève des exercices à trous que vous mettrez dans son ordi via une clé USB. Je n'ai eu qu'une élève dans ce cas, une heure par semaine pendant le décloisonnement chez ma collègue de CM2. Ne sachant pas le faire correctement, je me suis contentée de lui donner les documents (chouette, de la couleur !) et les leçons d'histoire à compléter.

    Le petit matériel :

    Vous pouvez demander aux parents de prévoir plusieurs trousses de différentes couleurs (astuce donnée par la maman d'un élève dyspraxique et qui m'a bien servi aussi pour un élève dyslexique): 1 trousse maths (crayon gris, règle, gomme, compas, calculatrice, taille crayon) . 1 trousse écriture (crayon gris, stylo 4 couleurs, gomme, règle, taille crayon) 1 trousse surlignage avec les surligneurs et 1 trousse de feutres ou crayons de couleurs.

    Ce système évite les bureaux encombrés de tout un tas de choses inutiles, les feutres sous la chaise alors qu'on ne s'en sert pas, le compas perdu dans un cahier de français...

    Le tableau :

    Se repérer au tableau est une épreuve pour "Jean-Pierre", comme pour d'autres d'ailleurs !

    J'ai pris l'habitude de numéroter les lignes de ce que j'écris au tableau.

    Quand les élèves copient ce qui est au tableau, chaque fois que c'est possible, c'est à dire quand je n'ai pas oublié, les élèves "dys" ont une photocopie. Pour que ce ne soit pas l'occasion de bavardages intempestifs, je leur demande de surligner certains mots importants. Et tant pis pour moi quand j'ai oublié. Dans ce cas là,  "Jean-Pierre", qui ne peut pas se relire quand il écrit, me dicte le texte et c'est moi qui copie... l'occasion de montrer aux autres qu'on peut être rapide dans cet exercice. Vous y gagnerez des "Ouahou, la maîtresse elle a déjà fini!"  et des "Comment vous faites à écrire si vite?" admiratifs ! C'est très bon pour l'égo!!!

    La lecture d'un livre, d'une photocopie:

    lire un livre :

    • Afin d'alléger la difficulté tout en permettant à votre élève de suivre avec les autres,  il est intéressant, si on peut, de proposer un résumé du texte, saisi avec le logiciel dysvocal ou en police comic. 
    • J'ai souvent eu recours à la lecture en petits groupes de moins bons lecteurs, chacun lit à son tour et je prends en charge la lecture d'une partie du texte, en fonction des difficultés de chacun.

    Lire une photocopie  :

    • Pensez à bien espacer les lignes, les paragraphes.
    • Pour les exercices, un seul exercice à la fois permettra à votre élève de ne pas se perdre sur la feuille.
    • Vous pourrez aussi avoir recours au surlignage pour différencier la consigne de l'exercice.
    • Ne vous étonnez pas de la manière parfois peu orthodoxe avec laquelle les exercices sont traités ! Un de mes élèves dyspraxique reliait une partie de la consigne avec une partie de sa réponse. Je n'ai jamais compris sa logique particulière mais cela lui permettait de répondre correctement.

    Guides pratiques

    Merci à ma collègue Brigitte qui m'a fait découvrir ces deux "guides de survie" à l'usage des profs et des élèves concernés, écrits par un prof de collège lui même dyslexique. Beaucoup d'informations et quelques "trucs" tout à fait transposable en élémentaire !

    Télécharger « guide de survie pour les profs .pdf »

    Télécharger « guide de survie pour eleves dys .pdf »

    N'hésitez pas à prendre contact avec l'orthophoniste de votre élève. Quelques minutes de conversation téléphonique sont souvent précieuses. L'orthophoniste connait bien la problématique de l'enfant et vous donnera certainement des conseils. 

     

     

    J'ai mis en page spécialement les textes et exercices de la grammaire PICOT CM1/CM2 (mot de passe) et CM2 période 4 (ici). Pour diviser et multiplier par 10 - 100 et 1000 j'ai bricolé une réglette que "mes dys" apprécient beaucoup vous la trouverez par là.

     Bonne route à vous et à votre petit "Jean-Pierre" !

     

    15/07/2015 :

    Je viens de trouver un schéma qui récapitule les aides possibles, vous le trouverez chez Holaola 

     

     

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